mardi 8 mai 2007

Vers une alliance Microsoft-Yahoo pour contrer Google ?


Microsoft serait en négociation avec Yahoo pour un éventuel rapprochement. Coût estimé de l'opération : 50 milliards de dollars.

La domination de Google sur le marché de la publicité en ligne pourrait-elle forcer le loup à sortir du bois ? C'est en tout cas l'avis du quotidien américain New York Post qui a indiqué, le 4 mai, que Microsoft serait en "négociations formelles" avec Yahoo pour une opération d'envergure. Toutes les éventualités sont ainsi prises en considération : une OPA, une fusion voire même une joint-venture.

Une rumeur à laquelle les marchés financiers ont accordé du crédit puisque le titre Yahoo gagnait près de 10 % en clôture à Wall Street à 30,98 dollars après avoir grimpé jusqu'à 18 % en séance. Aux grands maux, les grands remèdes. Pour s'offrir Yahoo, Microsoft devrait ainsi débourser la coquette somme de 50 milliards de dollars. Les deux acteurs sont des habitués de ces joutes et ont déjà mené par le passé de nombreuses négociations du même type. Microsoft et Yahoo se sont refusés à tout commentaire. Pour le Wall Street Journal, les discussions en cours porteraient plus sur un partenariat que sur une fusion.

Cet éventuel rapprochement constituerait le point d'orgue de la consolidation du secteur qui opposerait ainsi deux géants de la publicité en ligne et du marché des liens sponsorisés. Selon Nielsen Netratings, Google contrôlait 52 % du marché américain des liens contextuels en mars 2007 contre 33 % pour le couple Microsoft-Yahoo.

Les deux protagonistes sont habitués à travailler ensemble sur ce marché. Il y a un an, c'est Yahoo qui fournissait ses liens sponsorisés au moteur de recherche de Microsoft. Ce dernier a pris son indépendance en développant sa propre solution Adcenter sans jamais réussir à percer sur le marché faute d'avoir atteint la taille critique nécessaire vis-à-vis des annonceurs. Une éventuelle alliance lui permettrait dès lors de franchir ce cap.

Sur ce point, Yahoo lui aussi est en perte de vitesse. Selon eMarketer, les parts de marché de Google sur les liens contextuels devraient ainsi passer de 59 % en 2006 à 75,6 % en 2007. Yahoo passerait de 15 % à 16,3 % ne laissant plus au passage que des miettes aux autres concurrents. Les liens sponsorisés représentent 42 % du marché global de l'e-pub aux Etats-Unis.

Ce rapprochement semble donc bénéfique aux deux parties en présence pour tenter d'enrayer la mécanique Google. Mais ne se ferait-il pas au détriment des points forts de Microsoft et de Yahoo ? Si Google domine le combat des moteurs de recherche, il reste en effet bien en deçà de ses concurrents sur des applications tout autant stratégiques.

Selon Médiamétrie Netratings, Google n'occupe ainsi en France que la septième place du classement des Webmails avec 5,4 % de taux de couverture contre 13,1 % à Yahoo, troisième, et 35,6 % pour Microsoft qui occupe la première position. Il en va de même dans le domaine des messageries instantanées où Microsoft joue le premier rôle. Autant de leviers fondamentaux pour des campagnes de communication intégrées qui permettent à la régie de Microsoft d'occuper le devant de la scène. Une position qui ne se partage pas.

Un rapprochement avec Yahoo pourrait permettre de réaliser des économies d'échelles notables mais au prix de plusieurs mois d'efforts pour aligner le management. Soit déjà trop de temps de perdu face à Google qui continue sa course effrénée en direction de la radio, de la télévision et de la publicité sur bannière, un marché qui sourit jusqu'ici à Yahoo.

Rien n'indique pour le moment que Microsoft soit prêt à placer tous ses œufs dans l'unique panier de la publicité en ligne qui pourrait être victime d'un retournement de tendance soudain. Microsoft pourrait cependant vouloir contre-attaquer Google qui développe actuellement un concurrent gratuit à sa suite bureautique Office et qui pourrait également travailler sur un système d'exploitation en mode distant. Autant dire que Google s'attaque là au coeur du modèle économique de Microsoft qui ne l'entend probablement pas de cette oreille.

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